Le chant Leu'dd des Sámi | Laponie

par Laurent D'Alvise

C'est l'été et il fait un temps radieux. Tellement radieux que les nuits sont aussi claires que le jour. Le soleil de minuit est tout simplement fascinant. Jamais il ne dépasse la ligne d'horizon, jamais il ne se couche. Là-bas, au nord du Cercle Arctique, le petit village de Sevettijarvi est tellement petit qu'il ne comporte que quelques maisons rouges le long de la route rectiligne qui joint Inari (Finlande) à Kirkenes (Norvège).

Par quel miracle trouver la trace d'un chanteur de Leu'dd en Laponie ? La taille du village allait être un avantage et le petit musée traditionnel que l'on y trouve aisément allait se présenter comme un point de passage obligé pour tout voyageur. Il s'agit d'un chalet en bois clair, dont l'ambiance feutrée et silencieuse est entretenue par une vieille dame ne parlant que le Sámi. Sa connaissance des quelques âmes qui peuplent Sevettijarvi allait être une source d'informations précieuse.

A deux pas de là, Elias du haut de ses 76 ans, est réputé dans tout le village comme le meilleur chanteur traditionnel de Leu'dd. Né en 1933 à Petsamo, il a appris le chant de ses parents et grand-parents dans la pure tradition Sámi. Il est l'un des dignes représentants de cette tradition.



L'homme est bon et affable. Il accepte de chanter malgré la présence de l'enregistreur, ce dont on peut lui être reconnaissant. Quand vint l'instant de l'enregistrement de sa voix, il eut la requête de le faire au bord du lac qui borde sa propriété. Comme si cela lui avait paru en parfaite harmonie avec les paroles qu'il allait prononcer. Voici le fruit de cette rencontre fascinante entre Laurent D'Alvise et Elias.




Live recording n°1, Sevettijarvi (Finlande)

par Laurent D'Alvise




Live recording n°1, Sevettijarvi (Finlande)

par Laurent D'Alvise




Live recording n°1, Sevettijarvi (Finlande)

par Laurent D'Alvise


Définition (src)

Le joik (prononcez : «yoïk») est le chant traditionnel du peuple Saami. Issus des traditions chamaniques, exécuté a cappella, parfois accompagné du tambour traditionnel, le joik est d’abord un chant à vocation spirituelle avant de devenir un mode d’expression du peuple saami à la fin du XXe siècle.

Le joik traditionnel se divise en trois grands styles de chant : le «luohti», le «vuolle» et le «leu’dd» selon l’origine géographique des tribus saami qui l’ont crées. Le chant peut prendre des formes extrêmement variées et laisse une large place à l’improvisation du chanteur : le joiker.

Un joik a pour fonction de décrire l’essence d’une personne, d’un lieu ou d’un animal. Ainsi, chaque homme ou femme saami possède sa mélodie qui est en quelque sorte son «portrait musical». La caractéristique principale des joiks est l’utilisation de syllabes répétées à plusieurs reprises. Si certains joiks sont constitués de véritables textes compréhensibles, il existe également des formes dans lesquelles aucun mot n’est distinct, mais qui sont composées de murmures, d’interjections et d’imitations de cris animaux scandés sur une pulsation. Construit sur une échelle pentatonique, le joik porte les caractéristiques des styles de chants gutturaux des peuples montagnards. Il présente des similitudes importantes avec les chants traditionnels amérindiens ou encore avec les chants de gorge des peuples Inuits ou des peuples d’Asie centrale.